Manon Arnet M.A.

Projektskizze

“I feel that God made my body perfect the way I was born. Then man robbed me, took away my power, and left me a cripple. My womanhood was stolen. If God had wanted those body parts missing, why did he create them?“ C’est en ces termes que Waris Dirie s’interroge dans son témoignage Desert Flower sur une plénitude de naissance, arrachée par l’homme. Elle évoque indirectement son excision, qu’elle décrit comme une négation de sa féminité. Ainsi, l’allusion aux mutilations génitales dans les textes de migrantes soulève des problématiques identitaires, liées au traitement social du corps féminin. Cette écriture suggestive, faite de silences et de confessions à demi-mots, s’affirme dans l’extrême précarité de la condition de la femme et de la migration. La suggestion permet surtout de faire valoir la nature complexe de l’absence qui, dans les témoignages de migrantes, demeure une présence, un poids insaisissable et contraignant, malgré tout transfiguré par l’écriture qui parvient tout de même à restituer sa violence. Il s’agira dans cette thèse de doctorat de voir en quoi la migration demeure un cadre de transgression, propice à l’expression de ce tabou que porte la plupart des réfugiées, qui n’est parfois pas étranger aux raisons de leur départ. Il s’agira plus précisément d’analyser le rôle de cette expressivité implicite dans sa capacité à interroger les limites du « dicible » dans des textes à la fois personnels et militants. L’étude de témoignages tels que Desert Flower de Waris Dirie, Dans ma chair de Katoucha, On m’a volé mon enfance (Diaryatou Bah), Ma vie rebelle (Ayan Hirsi Ali), Tränen im Sand (Nura Abdi) et Mutilée de Khady proposera également de confronter la tradition à une écriture contemporaine très personnelle marquée de préoccupations féministes, rapprochant toujours plus l’intime et le politique. De cette façon, l’écriture de ces témoignages semble s’apparenter à une (re)conquête de soi, de cette perfection perdue qui tente d’être restituée dans un dialogue permanent entre pudeur et impudence.

 

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